Budget 2025-2026 à Maurice : quelles différences avec le budget 2024-2025 ?

Maurice a connu, en l’espace d’un an, un véritable tournant budgétaire. Alors que le budget 2024-2025 visait à relancer l’économie et attirer les talents, le budget 2025-2026 repose sur une logique de redressement. Magellan, conseiller en expatriation, revient sur les évolutions majeures entre ces deux exercices, leurs objectifs respectifs et les conséquences pour les particuliers comme pour les investisseurs étrangers.

Un contexte économique profondément transformé

Le budget 2024-2025 avait été construit dans un esprit de relance. Le gouvernement misait sur la croissance, avec un taux prévu à 4,7 %, en pariant sur le retour des touristes, le dynamisme de la construction et l’essor des services financiers. La stratégie reposait sur des incitations fiscales, une hausse des dépenses publiques et une politique résolument orientée vers l’attractivité du pays.

En 2025, le nouveau gouvernement fait face à un contexte plus tendu. La dette publique a franchi le seuil des 90 % du PIB et le déficit budgétaire s’est envolé à 9,8 %, un record depuis les années Covid. Ce niveau de déséquilibre a conduit à une inflexion nette de la politique budgétaire.

Comparatif budgétaire : recettes, dépenses et déficit

Budget 2024-2025 Budget 2025-2026
Recettes Rs 182,2 milliards Rs 224 milliards
Dépenses Rs 252,2 milliards Rs 261,4 milliards
Déficit ≈ Rs 70 milliards (9,8 %) ≈ Rs 37,4 milliards (4,9 %)
Dette publique ≈ 90 % du PIB Objectif : 75 % (moyen terme)

Deux philosophies budgétaires opposées

2024-2025 : stimulation et attractivité

Le précédent budget misait sur :

  • Des aides massives aux familles et retraités (pensions, Revenu Minimum Garanti à Rs 20 000) ;
  • Des incitations à l’investissement immobilier (Smart Cities, PDS) ;
  • Des exonérations fiscales pour les expatriés, retraités et investisseurs ;
  • Le soutien à la transition numérique via des aides à l’équipement.

L’objectif était de maintenir une dynamique économique post-Covid et renforcer l’image d’un Maurice ouvert, compétitif et connecté.

2025-2026 : consolidation et réformes structurelles

Le budget actuel se fonde sur :

  • La réduction progressive du déficit public ;
  • Une réforme de la fiscalité, avec l’introduction de la « contribution équitable » (Fair Share) de 15 % sur les revenus > Rs 12 millions ;
  • Une fiscalité plus stricte sur les investissements immobiliers étrangers ;
  • L’élargissement de la TVA numérique dès janvier 2026 ;
  • La suppression de certains avantages accordés aux Smart Cities ;
  • Une transition vers une fiscalité plus verte et plus alignée sur les objectifs ESG.

Ce virage vise à restaurer la soutenabilité financière de l’État tout en maintenant une cohésion sociale ciblée.

Immobilier et permis de résidence : durcissement net

L’une des évolutions les plus notables concerne le secteur immobilier :

  • Les droits d’enregistrement doublent pour les étrangers (de 5 % à 10 %) ;
  • Une taxe de 10 % sur les reventes (ou 30 % du bénéfice) est instaurée ;
  • Les remboursements de TVA seront supprimés à partir du 30 juin 2025.

Les nouvelles Smart Cities ne bénéficieront plus d’avantages fiscaux après le 5 juin 2025.

Par ailleurs, les conditions d’obtention de l’Occupation Permit évoluent. Deux nouvelles catégories sont créées, mais les seuils sont rehaussés, notamment pour les salaires.

Fiscalité : une logique contributive

Le budget 2025-2026 introduit une approche contributive :

  • Contribution « Fair Share » de 15 % sur les hauts revenus ;
  • Extension de la TVA numérique ;
  • Hausse des accises sur le tabac, l’alcool et le sucre ;
  • Révision des taxes sur les véhicules (immatriculation, licences, pollution).

Cette logique marque la fin d’une décennie de politique d’allègement fiscal. Elle vise à responsabiliser les acteurs économiques tout en rééquilibrant les comptes publics.

Social : maintien d’un filet de sécurité

Le gouvernement maintient certaines aides ciblées :

  • Suppression de la TVA sur une liste élargie de produits de première nécessité ;
  • Gratuité des examens SC/HSC pour les élèves éligibles ;
  • Soutien à l’acquisition de l’électricité pour les foyers modestes.

Toutefois, l’âge de départ à la retraite passera progressivement à 65 ans, un ajustement qui vise à contenir les dépenses liées au vieillissement de la population.

La retraite à 65 ans : quelles conséquences pour l’économie et la société mauriciennes ?

Le recul progressif de l’âge de départ à la retraite à 65 ans pourrait permettre un rééquilibrage des finances publiques à moyen terme, en réduisant la pression sur les caisses de pension et en prolongeant la durée de cotisation. En 2024, le financement de la pension universelle représentait déjà plus de 30 % des dépenses sociales. En allongeant la vie active, l’État espère freiner cette dynamique, d’autant plus que la transition vers un Fonds National de Pension (NPS) laisse entrevoir une réforme en profondeur du modèle actuel.

Toutefois, les impacts sociaux sont loin d’être neutres. Le marché du travail devra s’adapter à une population active vieillissante, avec des besoins accrus en matière de santé, de formation continue et d’emplois adaptés. Le maintien en poste des seniors pourrait aussi freiner l’intégration des jeunes diplômés, déjà confrontés à un taux de chômage supérieur à la moyenne nationale.

Du côté des petites entreprises, notamment dans les secteurs physiques comme la construction, la pêche ou l’agriculture, cette mesure pourrait accroître l’usure professionnelle et accentuer les inégalités sociales entre cols blancs et cols bleus. Des dispositifs de retraite progressive ou de reconversion pourraient atténuer ces effets, mais ils nécessitent des ressources budgétaires supplémentaires.

Dans ce contexte, le gouvernement devra procéder avec prudence entre impératif budgétaire et justice sociale, en s’assurant que cette réforme ne devienne pas un facteur de fracture intergénérationnelle.

Numérique et innovation : une constante

Sur le plan technologique, le budget 2025-2026 reste ambitieux :

  • Lancement d’un plan IA avec 25 M Rs pour soutenir les start-ups ;
  • Création d’un National Research & Innovation Institute ;
  • Intégration de l’IA dans les cursus du supérieur ;
  • Déduction fiscale pour les PME investissant dans des technologies innovantes.

Ce volet s’inscrit dans une stratégie à long terme visant à positionner Maurice comme un hub numérique et technologique dans la région.

En résumé : rupture ou ajustement ?

Domaines 2024-2025 2025-2026
Politique budgétaire Expansionniste Restrictive, avec rééquilibrage
Immobilier Incitatif Fiscalité renforcée
Fiscalité des expatriés Allégée Contribution Fair Share + TVA numérique
Dépenses sociales Universelles Ciblées et conditionnées
Innovation/numérique Prise en charge partielle Renforcée, structurée

Notre conclusion

Le passage du budget 2024-2025 à celui de 2025-2026 ne marque pas simplement une inflexion politique : il redéfinit les règles du jeu pour tout investisseur ou acteur économique à Maurice. Ce nouveau cap, plus encadré, plus exigeant, demande une lecture fine et des choix stratégiques réfléchis.

Dans ce contexte, Magellan n’est pas un simple observateur, mais un partenaire opérationnel. Grâce à sa maîtrise du cadre fiscal, des réformes administratives et des nouveaux critères ESG, Magellan accompagne les investisseurs dans l’optimisation de leur implantation, la sécurisation de leurs projets et la valorisation durable de leurs actifs.

À l’heure où chaque décision compte, il devient essentiel de s’entourer de spécialistes. Profitez de l’expertise de Magellan pour transformer les contraintes du budget 2025-2026 en opportunités de croissance.

Sources de cet article :

Budget 2025-2026 : Ce qu’il faut retenirdefimedia.info

National Budget 2025/2026 – MCCImcci.org

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